Pensiez-vous que la Chine resterait longtemps soumise aux restrictions américaines sur les puces ? Des observateurs alertent depuis plusieurs mois sur la percée fulgurante de la société chinoise Nexchip, grâce à des transferts de technologie et ingénieurs taïwanais.
S’affranchir des restrictions américaines
Les États-Unis, en avance sur la technologie, appliquent des restrictions drastiques sur l’export des meilleurs semi-conducteurs vers la Chine. Cette situation force les entreprises chinoises à ne s’approvisionner qu’avec des versions moins puissantes ou à recourir à des stratagèmes pour se fournir. Par exemple en les faisant transférer via des pays tiers, ce dont est soupçonné DeepSeek. Pour pallier cette difficulté et satisfaire son énorme demande intérieure, la Chine cherche donc à renforcer ses producteurs locaux.
L’émergence du chinois Nexchip… grâce à Taïwan
Le gouvernement chinois soutient fortement ses entreprises, surtout spécialisées dans les puces matures, utilisées notamment dans les véhicules électriques et des produits du quotidien. Nexchip est ainsi rapidement devenu le concurrent principal pour Taïwan aux côtés d’autres producteurs chinois, comme le relevait Le Figaro cette semaine.
C’est pourtant grâce à Taïwan que Nexchip est devenu si puissant, via des transferts de technologie, technique qui permet les progrès rapides de la Chine dans tous les domaines depuis des dizaines d’années. Nexchip, producteur chinois, est ainsi né d’une joint-venture avec le taïwanais Powerchip. Mais le chinois a tellement grossi et gagné en autonomie qu’il pose désormais un problème concurrentiel pour le taïwanais. Une histoire industrielle récurrente en Chine, dont les entreprises européennes sont familières.
Résultat, TrendForce estime que la part de marché de Nexchip, à 34 % en 2024, atteindra 47 % en 2027, dépassant Taïwan, quand les Etats-Unis et la Corée du Sud n’auront des parts qu’à un chiffre.
Un risque pour les chaines d’approvisionnement occidentales
Le marché est très influencé par les conséquences des tensions géopolitiques actuelles. En Chine, le gouvernement demande la localisation des chaînes d’approvisionnement en application de la stratégie du “China for China”. A l’étranger, c’est l’effet inverse, avec une volonté d’éviter l’exposition aux risques chinois. Cette situation favorise les constructeurs chinois. Se nourrissant de leur immense marché intérieur, grâce à la politique du gouvernement central et à leurs prix inférieurs, ils poussent dehors les concurrents taïwanais.
Une chose est certaine : ce revirement stratégique chinois oblige d’une part, les acteurs occidentaux à revoir d’urgence leurs stratégies d’approvisionnement et d’investissement. D’autre part, l’UE et les États-Unis doivent réagir à ce risque autant géopolitique qu’économique.
